dimanche 1 octobre 2023

J'ai planqué mon premier roman à la vue de tous chez Amazon

J'aurais adoré vous dire que je l'avais planqué à la FNAC, mais la fonctionnalité de stockage n'y existe pas. Donc partons chez Amazon.

Mais d'abord, pourquoi planquer un roman? Pourquoi à la vue de tout le monde?

En fait, il s'agit plutôt d'un petit exercice de pensée pour tester la résistance d'un tel procédé (et je compte sur vous pour des retours 😉) .

L'idée repose sur 3 fonctionnalités présentes chez Amazon (mais aussi ailleurs très probablement) :

  1. le système de liste personnelle (publique dans mon cas) et des commentaires associés
  2. le système de notation des clients qui, raisonnablement, s'établit entre 1,00⭐️ et 4,99⭐️

Pour ce deuxième point, il est à ma connaissance impossible que la note d'un produit soit inférieure à 1⭐️ et extrêmement improbable qu'une note de 5⭐️ persiste au-delà d'un nombre "raisonnable" d'évaluations.

Pour le premier point, la capacité d'ajouter une note personnelle à un article dans une liste n'est pas présente à la FNAC. Sur Amazon, on dispose de 250 caractères.


L'expérience de pensée débute maintenant.

Supposons que j'arrive à mettre dans ma liste des articles ayant tous une note différente (en utilisant donc toutes les notes possibles entre 1,00 et 4,99). Combien d'articles aurais-je dans ma liste? Exactement 400.

Pour chacun, j'utilise les 250 caractères offerts (Amazon a de la place sur ses serveurs - peut-être pour être à "l'écoute" de ses clients 🤭). Cela m'offre donc 100Ko de stockage (par liste). Et 100.000 signes, c'est la taille d'un premier roman (je ne m'appelle pas Pierre Lemaître, donc le premier roman ne fera pas 600 pages).

Parfait, j'ai donc trouvé de quoi stocker mon roman chez Amazon.


Et si on le planquait?

A ce stade, le roman-liste est en clair (dans les commentaires de ma liste de 400 articles). Pour le cacher un peu, il faudrait le chiffrer. On va s'apercevoir que grosso modo, le chiffrage ne va pas changer la taille initiale.

Toujours en expérience de pensée (je n'ai donc pas vraiment mené les étapes suivantes pour cet exercice précis), voici les étapes que l'on pourrait suivre pour le chiffrer :

  1. on part d'un texte brut (donc un fichier .txt, pas un word - mais pour un roman, c'est exactement ce que l'on fait). Appelons T sa taille en octets.
  2. on le compresse (le texte se compresse très très bien). On obtient une nouvelle taille de T x 0,7 (compression de 70% en moyenne). On obtient du binaire.
  3. on le chiffre (avec l'algo que vous voulez, par exemple AES ou mieux) : cela ne change rien aux caractéristiques précédentes : la taille reste peu ou prou la même (à quelques octets de padding près) et c'est toujours du binaire. On a donc toujours une taille de T x 0,7
  4. on translate le binaire en texte (les champs commentaires d'Amazon n'accepteront pas du binaire). En moyenne, cette opération augmente la taille (la ratio binaire/texte est en moyenne de 70%). On obtient donc un bloc de texte de taille (T x 0,7) / 0,7.
Donc cette opération de "planquage" ne nous a rien coûté en taille (dans le détail, on s'apercevrait certainement qu'on a perdu une capacité de max 1 bloc de 250 octets - on va négliger cela pour la suite)

Notre roman-liste est donc constitué de 400 blocs "numérotés" (de 1,00 à 4,99) de texte chiffré.

Le temps comme dernier ingrédient

Les plus attentifs lecteurs/trices auront constaté que j'ai évoqué plus haut 3 fonctionnalités. Et jusqu'ici notre dispositif n'en utilise que 2 (les listes commentées et le système de notation).
La dernière "fonctionnalité" est le temps. Elle n'est pas réellement fournie par Amazon, mais plutôt par les utilisateurs. Au cours du temps, les notes changent (au gré des évaluations successives des visiteurs). Et donc les articles de notre liste bien ordonnée (une partition totale on dit en maths de mémoire) vont progressivement changer de note (on peut soupçonner que les extrêmes vont peu varier - mais cela ne change rien à ce qui suit). Donc non seulement les numéros des blocs vont évoluer, mais plusieurs articles vont se retrouver avec la même note - le tout continuant d'évoluer d'un jour à l'autre.
Les blocs de notre liste bien ordonnés vont donc se retrouver bien mélangés. Ce qui induit un chaos supplémentaire (en plus du chiffrage donc).
Et à la fin, on se retrouve avec un roman-liste indéchiffrable 😱 : en effet, comment retrouver l'ordre initial? Il a disparu avec le temps (on va supposer que les articles ont tous été ajoutés dans la liste en même temps, ou bien que l'ordre chronologique des ajouts n'est pas lié à l'ordre des notes). On se retrouve avec 400 blocs de textes sans ordre : pour retrouver le roman initial, il nous faudrait retrouver le bon ordre (400! possibilités >> 10^800 quand même) et posséder la bonne clé de déchiffrement...
Et même le créateur du roman-liste ne pourra pas retrouver son roman d'origine.
Voilà comment j'ai planqué mon premier roman à la vue de tous sur Amazon... 

Merci d'avoir perdu du temps en pérégrinations hasardeuses.

jeudi 28 septembre 2023

Les Forçats du Climat et du Temps - Tolérance et Pardon éclairés - S1E5

 

🗓️ Début Janvier 2030

Sixtine, interloquée de sa nomination, n'en revient toujours pas d'avoir été mise en avant (poussée?) par son cher Pierre-Edouard de frère. Son appréhension a fait naître une intuition. Et elle comptait l'utiliser pour débuter ses travaux de MAP leader pour 2030. Elle sentait d'ailleurs que ça n'irait pas tout seul et que des freins se feraient sentir, pas uniquement du côté des Nonotes, pourtant les plus concernés par son idée.

Depuis plusieurs années, les Nonotes se déchiraient et leur mouvement, quoique non réellement fédéré, s'essoufflait. Rappelons que les Nonotes sont ce groupe hétéroclite de personnes pour lesquelles il n'y a pas d'urgence à se préoccuper de notre Planète, voire même il n'y a pas lieu de s'alarmer du tout et enfin les techno-béats qui considèrent que la technologie nous sauvera (et donc que l'on peut dormir sur nos deux oreilles pour l'instant).


Un dilemme pour passer à l'action

Certes, les plus "convaincus" avaient tendance à s'auto-renforcer dans leurs convictions en échangeant en vase clos. Cependant, certains étaient amenés à s'interroger en profondeur (après un long déni). Plus le doute s'immisçait en eux, plus ils réalisaient que leur point vue ne tenait plus. Que ce soit les actions des Forçats du Climat et du Temps, toutes les MAP, la révolution du Planetø et bien entendu les études scientifiques de plus en plus accablantes, tout concourrait à dessiller leurs yeux jusqu'ici volontairement myopes. Tous les Nonotes ne recouvraient pas la vue, mais il suffisait de quelques éclairés pour qu'un mouvement s'enclenche. Mais une fois cette prise de conscience assumée, que pouvaient-ils entreprendre? Comment éviter les quolibets de leur ancien camp (en vérité un bien petit mal)? Comment acquérir une crédibilité en tant que nouveau défenseur de la planète ?

La situation déjà délicate pour ces Nonotes "retournés" (en fait tournés dorénavant dans le bon sens) était intenable pour les plus "responsables" parmi eux. Comment agir alors que vous avez été un coupable décideur lors des 40 dernières années et que vous réalisez (tard) vos néfastes décisions passées, l'étendue de vos errements et le retard dont vous êtes directement responsable. Comment éviter la curée et surtout comment agir de manière durable et convaincante?


Une idée très progressiste

C'est pour tous ces nouveaux venus que Sixtine avait une idée, une intuition, qui se mua progressivement en conviction inébranlable.

Comme toutes les contributions comptent, elle voulait profiter des apports de ces nouveaux arrivants, les intégrer largement, les bras ouverts. C'est pourquoi elle allait proposer une amnistie générale, une forme de grand pardon. À l'exact inverse de la chasse aux sorcières que souhaitait certains. Elle obtint donc que l'on se tourne vers le futur en ne cherchant pas à punir les erreurs du passé. On reprocha à Sixtine une forme de sa naïveté. Elle, elle pensait qu'il y aurait eu de la naïveté s'il y avait eu deux camps qui s'opposaient ; mais en l'espèce il n'y a qu'un seul camp : celui des humains qui veulent continuer d'habiter la planète en compagnie harmonieuse des autres occupants (vivants ou non).

Les nonotes en voie de conviction avaient donc un boulevard pour contribuer et faire partie de ces Forçats du Temps et du Climat.

Mais, Sixtine ne le savait pas encore, Raël le Nonote ébranlerait son intuition, sa bonté d'âme et son optimisme naïf.


vendredi 22 septembre 2023

Les Forçats du Climat et du Temps - Un jour qui change tout - S1E4



Ils ont tous applaudi Sixtine en découvrant l’information : 4 jours, enfin! 4 jours, pas un de plus. Mais l'ovation n'est pas destinée à ces 4 jours. Pas du tout.

C'est pour le cinquième jour : celui qu’on va dédier à la Planète.


💼 💼 💼 💼 + 🌏

Reprenons : nous sommes en 2030 et Sixtine est la MAP_6 leader pour toute cette année (les COP annuelles sont remplacées par des MAP mensuelles ... pour aller plus vite - cf notre prologue S1E1).


Et, en ce mois de Juin, la MAP_6.6 vient de prendre une décision historique. Nous basculons de la semaine de travail de 5 jours à la semaine de 4 + 1 jours. Une distorsion cosmético-marketing de plus pensez-vous in petto? Nenni.


Un petit jour pour l'entreprise...

On vient de décider de dédier un jour complet d’activité à la Planète : 20% de notre semaine travaillée pour prendre soin d’elle. Nous consacrerons notre énergie, nos efforts, nos idées et nos actions à sa régénération. Quel progrès pour la Planète. Cette activité ne sera plus le simple fait de bénévoles durant leurs soirées et week-ends. Non, cette journée est rendue à la Terre au titre de votre emploi (et donc rémunérée). On serait tenté de parodier une célèbre phrase : un petit jour pour l'entreprise, un nouveau jour pour la Terre. À l’échelle du monde, cette petite journée arrachée aura des effets colossaux pour la Planète.


... un nouveau jour pour la Terre

Imaginez : un jour par personne (adulte et enfant) et par semaine, à l’échelle de la Terre. Cela en fait des bras, des têtes, des jambes pour aider notre Planète.


C’est donc une décision obtenue après des années de discussions. Contrairement à ce que certains dirent (en premier lieu les Nonotes comme Ramona), il ne s’agissait pas de passer à la si souvent évoquée semaine de 4 jours.


D’ailleurs, l’idée subversive était de créer des vocations à aller au-delà de cette unique journée.


Incroyable chamboulement de notre vie professionnelle, motivation ultime pour les entreprises et leurs employé.e.s, considérables et nécessaires contributions pour redonner vie à notre Planète.




vendredi 15 septembre 2023

Les Forçats du Climat et du Temps - Ramona la Nonote - S1E3


Son sourire quasi énigmatique pouvait la rendre appréciable. Beaucoup de ses collègues voyaient en elle une femme sympathique. Une forme de Mona Lisa pour d’autres. Rien que ça.

Mais c’était une Nonote*. Et elle avait le temps, tout son temps. L’urgence de la planète n’était pas la sienne. Le temps s’écoulait paisiblement dans son monde sourd.


Le temps.

Voilà bien une abstraction que les Nonotes se refusaient obstinément à considérer.

Ils entendaient depuis si longtemps les scientifiques s’époumoner, que c’en était devenu comme un bruit. Des découvertes glaciaires sur l’évolution anthropocène du climat, des études sans équivoque sur la plastification des océans, les difficultés croissantes d’accès à l’eau, les pollutions planétaires de toutes origines, l’effondrement de la biodiversité… toutes ces rengaines constituaient pour les Nonotes un bruit de fond diffus.


Ce temps qui passe, qui est perdu dans l’inaction, ils en ont conscience mais cela leur importe peu.

En revanche, ce qui commence à les interpeller, à les déranger voire à les irriter, c’est l’autre temps, celui qui vient. Celui-là leur fait peur. Pas pour les changements radicaux qu’il va produire sur la planète. Non, non, c’est une crainte, une forme d’angoisse plus personnelle et pernicieuse.


Ils vont utiliser un ressort très puissant

Revenons à Ramona, une Nonote pas nécessairement virulente. Elle fait partie du ventre mou de la population. Elle est donc de la variété « No hurry. » (elle est trop loin des sciences et de la technologie pour être dans une des deux autres catégories possibles)

Elle a dans son entourage professionnel des membres de PlanetFirst. Ceux-ci n’ont pas renoncé à la convaincre. Ils vont tenter une autre voie que la sensibilisation rationnelle et scientifique (à laquelle elle est totalement hermétique du bas de sa discipline bornée). Ils vont utiliser un ressort très puissant : le temps et notre rapport à lui.

Depuis la révolution industrielle, les humains ont éreinté la planète pour produire plus et plus vite. Dès lors, tout devait s’accélérer. Y compris le temps. On devait se déplacer plus vite, accomplir ses tâches plus vite, changer de vêtements plus vite, acheter de nouveaux biens plus vite, consommer plus, plus vite et plus souvent.

Et maintenant, les Forçats du Climat et du Temps, comme ils étaient appelés par les journalistes, disaient à Ramona de reconsidérer son rapport au temps. Troquer un déplacement en avion par un trajet en train plus long. Utiliser un peu de son temps pour entretenir ses objets afin de les faire durer plus longtemps (qu’il s’agisse de prendre soin des tripes de ses appareils électroniques et électroménagers, tout comme de raccommoder et ravauder ses vêtements). Tout cela dérangeait Ramona. Durant tant d’années d’insouciance aveugle, elle consommait sans penser à faire durer un objet ou un trajet.


Son sourire béat

Pour ces Forçats, c’était toujours une belle satisfaction que d’arriver à infléchir le comportement de ces Nonotes « No hurry », ventre mou, en les amenant à ralentir, en les prenant au mot de leur thèse « no hurry » en la tournant en « take your time », voire l’immémorial carpe diem.

Dans le cas de Ramona, son sourire béat les laissait tout de même perplexes sur le succès de cette mission-là ; nous y reviendrons.


Un peu comme le paradoxe de Langevin, les Forçats du Climat et du Temps présentaient des rapports apparemment contradictoires au temps. Ils accéléraient le rythme des soins apportés à la planète (des MAP mensuelles au lieu des COP annuelles). Tout en nous invitant à ralentir nos rythmes propres.

Accélérer notre attention au monde tout en prenant le temps d’en prendre soin, voilà la devise de ces acteurs du Temps moderne.

* Nonotes : regroupement hétéroclite de 3 tendances : les négationnistes « No need to worry », des temporisateurs « No hurry to act » et des techno-béats, « Technology will save us» (cf l'épisode 2)




vendredi 8 septembre 2023

Les Forçats du Climat et du Temps - Pierre-Edouard - S1E2

 

Pierre-Edouard n’en revient toujours pas d’avoir été sélectionné pour faire partie de l’événement planétaire de cette année 2029. Ils sont peu à travailler si directement avec les MAP leaders et encore moins nombreux, ceux qui sont appelés pour l’acmé de l’année, la 13ème MAP.


On mettait fin aux COP...

Pied (c’est comme cela que ses intimes ont raccourci son trop long prénom) se souvient avec un pincement de sa fête d’anniversaire de 2025. Cela lui semble être il y a une éternité ; tant de choses ont profondément changé en seulement quatre ans. Des bouleversements si profonds qu’ils englobent toute la planète, dans un mouvement presque unanime, en tous cas, délicieusement positif.

Il a 35 ans. Ses proches se sont réunis pour un anniversaire « surprise » (du genre de surprise à laquelle on s’attend tout de même un peu…). Mais la surprise vint d’ailleurs. Et elle eut des répercussions incroyables, le plongeant dans un maelström d’actions ininterrompues en faveur de la planète. Le jour même de sa fête, on mettait fin aux COP, à bout de souffle depuis longtemps, stériles, quand elles n’étaient pas aberrantes et incohérentes.

En ce 15 avril 2025, la communauté PlanetFirst émergeait au grand jour. Elle avait œuvré dans l’indifférence pendant  plusieurs années, rassemblant tout de même tout le gotha de l’action environnementale - mais elle n’était pas encore la puissante force mobilisatrice des individus qu’elle devint par la suite. Depuis Janvier, elle avait mis en place les MAP mensuelles pour coordonner au niveau mondiale l’ensemble des actions individuelles locales et globales en faveur de la planète. Et cette périodicité avait un dessein clair : changer le temps, ne plus le laisser filer, le tourner à l’avantage du monde. Accélérer le temps des humains pour en laisser à la planète, afin qu’elle se régénère… à son rythme. En l’espace de seulement 4 mois, les MAP ont démontré une telle mobilisation, une telle énergie cohésive et des résultats si prometteurs qu’arrêter ces COP inutiles devint une évidence. Il n’y avait plus de place pour toutes ces conférences au mieux complaisantes et presque toujours contre-productives. Passer à l’action concrète, coordonnée et planétaire, accepter de se tromper, et le réaliser très vite pour en tirer des enseignements utiles pour d’autres actions, telles sont les fondements des MAP. Prendre tous ensemble en main le destin de la planète et de tout ce qui s’y trouve (vivant ou non).


Une sorte de moment magique, où l’humanité s’unit...

On ne comprend pas bien encore comment cela s’est produit, une sorte de moment magique, où l’humanité s’unit, animée par un sentiment diffus de n’être qu’un. Et voilà donc l’émergence des MAP (en 2029, plus personne n’y pensera plus comme les Monthly Appointements for the Planet, c’est dire la rapidité à laquelle elles ont conquises le monde des humains). Il y a bien des détracteurs de ce mouvement planétaire. On les rassemble sous le sobriquet de Nonotes. Il semblerait que cela soit la contractions des négationnistes « No need to worry », des temporisateurs « No hurry to act » et des techno-béas, « Technology will save us». Ces Nonotes donc regardaient les MAP d’un œil goguenard et amusé mais surtout condescendant. Figés dans leur immobilisme confortable, les Nonotes n’ont pas vu la déferlante qui surfait sur les ardeurs inassouvies de l’humanité. Ils ont été ébranlés par les premiers succès des MAP-1, celles de 2025 donc. En particulier, celle de mars 2025, la MAP-1.3. Elle a en effet accueilli la naissance du Planetø, la nouvelle unité d’évaluation des biens et services. Son nom intrigua au début… Planetø? une sorte de monnaie? Le o-barré avait deux interprétations que les concepteurs avaient malicieusement combinées. La version évidente laisse apparaître le globe terrestre, le ‘o’, barré obliquement de son axe de rotation incliné (qui est une des conditions de la vie sur la planète). L’interprétation plus subtile se réfère au symbole de l’ensemble vide en mathématiques ; ainsi le Planetø est-il vide de valeur marchande. Le tout porté par un nom qui rappelle l’objectif : préserver la Planète. Son adoption si fulgurante fut célébrée dès la fin de cette folle première année, lors de la dernière MAP de 2025, la MAP-1.13. Tous les acteurs des MAP pouvaient s’enorgueillir d’avoir rendu obligatoire l’affichage du Planetø à côté du prix des biens de consommation dans de très nombreux pays. La rapidité de cette mise en place a bien entendu surpris et entrainé quelques cafouillages et incompréhensions que les Nonotes ont exploités. Mais le travail de Pied et de ses comparses à travers le monde a eu vite raison des critiques.


PlanetFirst, pour prendre soin de la planète

Jusqu’à ses 35 ans, Pierre-Edouard n’avait été que modérément acteur du changement planétaire qui sourdait. L’annonce du Planetø, un mois avant son anniversaire, avait été une sorte de révélateur. Cela devint encore plus clair quand, en ce 15 avril 2025, plutôt que de profiter de son anniversaire surprise et de sa famille pour ses 35 ans, on apprit que les COP annuelles se dissolvaient au profit des MAP mensuelles. Comment ces COP, instruments devenus stériles de l’ONU, pouvaient-elles se reconnaître moins efficaces qu’une simple communauté d’individus, appelée PlanetFirst, pour prendre soin de la planète ? Comment accepter que PlanetFirst, ce groupement apolitique, puisse être plus compétent que les organisations officielles en charge du monde depuis si longtemps ?


Il était particulièrement heureux de contribuer à l’essor du Planetø

Comment les Nonotes disaient-il déjà à l’époque ? Ah oui, « ces illuminés pensent faire mieux et plus vite que les sages comités. Mais pour qui se prennent-t-il ? Vouloir aller 12 fois plus vite en mensualisant ces réunions, sous prétexte de rattraper 20 ans de retard ? ». Pied se sentit pris dans le mouvement instantanément à cette annonce, comme beaucoup d’autres humains d’ailleurs. Les MAP, il le comprit très vite, n’étaient que la surface : la réalité, le concret des actions, l’efficacité environnementale, enfin en mouvement, tout cela avait lieu au quotidien, chez soi, au travail et dans la société. Chacun pouvait proposer des idées (qu’il avait testées à son niveau) et une MAP sélectionnait et proposait leur mise en œuvre globalement, partout où c’était possible et utile. Il ne s’est donc pas privé de lancer des projets, tant dans sa vie personnelle que professionnelle. Il était particulièrement heureux de contribuer à l’essor du Planetø : ses compétences scientifiques lui permettaient d’évaluer, de chiffrer, de comparer les données nécessaires à l’élaboration de Planetø de chaque bien et service. C’était un travail collaboratif et laborieux, un peu comme Wikipédia en son temps. Permettre à chaque individu de connaître le Planetø de chaque produit était une activité gratifiante (tant pour sa satisfaction personnelle que pour l’information éclairée fournie aux acheteurs). Être capable d’intégrer dans ce Planetø des éléments aussi disparates, mais intriqués, que l’impact sur le climat, sur la biodiversité, sur l’utilisation de l’eau et des sols, était un immense défi. Cette activité quasi monacale l’occupa donc plus de quatre ans. Infatigable, il savait que l’action devait aussi s’ancrer au sein des entreprises et des gouvernements. C’est pourquoi, là aussi, comme des millions d’autres, il contribua chaque jour à changer le monde depuis l’intérieur des murs coupables.


Mais ce n’est pas cette action professionnelle qui lui valut d’être appelé, plus de quatre ans après ses premiers pas avec PlanetFirst, à la 13e MAP de 2029. Incapable de comprendre la motivation de cet appel pour le bouquet final de l’année planétaire, la MAP-5.13, il s’y rendit rempli de circonspection. Il n’imaginait donc pas qu’il finirait par y proposer que Sixtine, sa benjamine de sœur, soit une des MAP-6 leader de l’année 2030. Il ne pouvait savoir le poids écrasant qu’il allait faire porter sur ses jeunes épaules. Et combien elle lui en serait reconnaissante.



jeudi 7 septembre 2023

Les Forçats du Climat et du Temps - Prologue - S1E1

 

Cela aurait dû se passer à la COP35.

Sixtine y serait intervenue, elle y aurait peut-être présidé une réunion. Comme de nombreux autres avant elle.

On y aurait passé deux semaines à échanger, discuter et négocier, à troquer des crédits, des droits à polluer, des montants d’indemnités, des seuils tolérables… On avait le temps à l'époque. Ou plutôt, on ne l'avait déjà plus. D'ailleurs, les anciens disent qu'on ne l'avait même pas lors de la COP1. Brèfle, qu'on ait eu le temps ou pas, en tout cas, on le prenait, on avançait doucettement.


L'idée était d'accélérer d'un facteur 12...

Mais nous avons changé d'ère et de rythme en peu de temps. Le temps semble s'écouler plus vite, un peu comme si, face à l'urgence, on avait décidé de changer d'unité de temps, pour en faire plus dans un temps court. L'idée était d'accélérer d'un facteur 12 avec l'équivalent - en plus efficace - d'une COP de 1 jour toutes les 4 semaines. En réalité, tout le monde sait qu'il y a 13 MAP par an, mais la dernière de chaque année est tellement … exceptionnelle que les gens préfèrent ne pas y penser - nous y reviendrons.

Sixtine s'apprête donc à prendre la parole pour la deuxième MAP de cette année (la MAP_6.2 donc). Le rythme de l'homme au chevet de sa Planète s'est tellement intensifié que plus personne ne se souvient de la signification de l'acronyme MAP. Il est pourtant plus clair que COP, Conference of the Parties (dont les cyniques persistaient à se demander de quelles parties on parlait). Monthly Appointements for the Planet, ce n'est peut-être pas plus brillant comme nom, mais le sujet traité est limpide pour tous. Chacun a maintenant en tête que ces MAP se tiennent presque en continue, une sorte de monitoring permanent de la Planète blessée, pour la guérir et se réconcilier avec elle, rien de moins, rien de plus immédiat.


Oubliez les négociations des COP

Et c'est Sixtine qui assure le rôle de leader de toutes les MAP_6.n de 2030 (en mettant en place ces MAP, on en a terminé avec les rôles de présidents et autres rôles d'apparat - on est devenu "agile" dans ces instances actives). Elle travaille donc avec les MAP_6 leaders de tous les pays. Oubliez les négociations des COP, avec les MAP, on est dans l'action, avec effet instantané. Les conditions existent pour que leurs décisions soient mises en application par leurs pays. Sixtine sait que les décisions qu'ils vont prendre seront comme des ordonnances, impérieuses. Cela fait peser un lourd poids sur ses jeunes épaules auquel s'ajoute l'appréhension de passer pour un tyran. Mais elle se trompe, sa crainte n'est pas justifiée : le monde comprend que ces leaders sont au service de la Planète, de toute la Planète, de tout ceux qui la peuplent et aussi de tout ce qui y vit, où que ce soit - et qu'ils courent après le temps, qu'ils essaient de rattraper celui que leurs aînés ont laissé filer.


Ils sont la force, la sève de Planet First. On les surnomme les Forçats du Climat et du Temps.



mercredi 6 septembre 2023

Revival après ... de nombreuses années

Je ne sais pas si c'est toujours tendance d'être sur Blogger (je suis même surpris que la plateforme existe encore 🤭).

Je reconnais beaucoup utiliser LinkedIn pour m'exprimer mais souvent je m'auto-limite à poster certaines réflexions assez perso sur un réseau pro.

J'en profite donc pour internaliser une série que j'ai commencé il y a plusieurs mois sur l'environnement (PlanetFirst : un conte? un scénario prospectif? de la Design Fiction? inclassablement optimiste mais un peu de tout cela quand même)

On verra si j'arrive à tenir 10 ans comme la première version...


dimanche 24 juin 2012

Propos d'un confiseur

Voici quelques temps, on m'a offert "Les propos de O.L. Barenton confiseur" d'Auguste Detœuf (malheureusement pas une édition originale! mais qui date tout de même de plus quarante ans). Je vous laisse découvrir son auteur, un X atypique.




La lecture de ce livre est assez édifiante par ce qu'elle traduit de la manière de concevoir le monde de l'entreprise et des affaires (et le monde tout court) il y a plusieurs décennies (années 30). Conception qui trouve encore une belle réalité aujourd'hui. 
Parmi les centaines d'aphorismes (et autre petits essais [plutôt longuets]), j'en ai retenu un petit nombre que voici. Souvent ironiques, toujours perspicaces.
Je vous laisse vous en amuser, voire réfléchir à leur pertinence actuelle.


« (tout se paie). Il y a deux monnaies : l'argent et la satisfaction de vanité. Si vous avez le choix, et si vous êtes débiteur, payez en vanité, car c'est une monnaie que vous émettez vous-même et dont l'émission n'a pas de plafond. Si vous êtes créancier, choisissez l'argent : vous aurez le reste de surcroît. » (p34)


« Un journal ne peut écrire : " N'achetez pas les produits de la Maison Carrée, ils ne valent rien ", ce serait de la diffamation.
Mais certains journaux écrivent : " N'achetez pas les actions de la Maison Carrée, elles ne valent rien ", parce que çà, c'est de l'information financière. » (p35)


« Un aventurier est toujours de bas étage. S'il était de haut étage, ce serait un homme d'affaires. » (p35)


« En affaires, mentir n'est jamais nécessaire, est rarement utile, est toujours dangereux. » (p73)


« Un homme est vieux à partir de l'heure où il cesse d'avoir de l'audace. » (p75)



« Les hommes se répartissent naturellement en trois classes : les vaniteux, les orgueilleux et autres.
Je n'ai jamais rencontré les autres. » (p76)



« Tout est bon à la vanité : elle accepte la moindre aumône. Rien ne suffit à l'orgueil. » (p80)


« On croit d'abord qu'on travaille pour soi ; on se figure ensuite qu'on travaille pour sa femme - on est persuadé plus tard qu'on travaille pour ses enfants ; on s'aperçoit en fin de compte que, pendant tout le temps, on a travaillé pour travailler. » (p85)


« En affaire comme ailleurs, entre deux solutions qui paraissent indifférentes, c'est le sentiment qui décide. Le déjeuner d'affaires est utile, à cause de la relation qui unit les sentiments et l'estomac. » (p112)


« Ne vous plaignez jamais du client à caractère difficile, car il est la cause de vos progrès. Traitez les autres mieux encore : ils sont la raison de vos bénéfices. » (p112)


« Eviter ceux qui parlent de leur honnêteté : ils vous roulent. Traitez avec qui se vante d'avoir roulé autrui : c'est qu'il n'en a pas l'habitude. » (p114)


« Méfiez-vous de l'homme qui parle pour ne rien dire. Ou il est stupide et vous perdez votre temps, ou il est très fort et vous perdez votre argent » (p115)


« La concurrence est un alcaloïde : à dose modérée, c'est un excitant ; à dose massive, un poison. » (p119)

« Pour triompher, il faut être en avance d'une heure sur le concurrent et parler une heure après lui » (p119)

« La chose la plus répandue parmi les techniciens, c'est la conscience professionnelle. On en a trop profité pour les mal payer » (p123)


« Il y a trois manières de se ruiner, disait le grand Rotschild : le jeu, les femmes - et les ingénieurs. Les deux premières sont plus agréables - mais la dernière est plus sûre. » (p124)

« Il faut toujours se servir des experts, et prendre leur avis. Mais quand on l'a, on peut le garder pour soi. » (p125)

« Lorsque plusieurs questions urgentes se présentent à la fois, choisissez la plus embêtante : c'est certainement la plus pressée » (p161)


« Ayez de la bonne humeur. L'idée, c'est la semence : le travail la fait lever ; mais la bonne humeur, c'est le soleil qui la fait mûrir. » (p162)


« On peut se servir de la théorie pour choisir l'acte qu'on va accomplir : c'est de la sottise. On peut aussi s'en servir pour justifier l'acte qu'on a accompli : c'est de l'habileté. » (p162)


« Un dirigeant de société, causant avec des personnes étrangères à la société, ne doit pas dire : " Je ", mais " Nous ". Car une des forces de la société vis-à-vis des tiers est d'être un groupe.
Un dirigeant de société causant avec ses subordonnés ne doit pas dire : " Nous " mais " Je ". Car une des forces de la société vis-à-vis d'elle-même est d'avoir un chef. » (p163)


« Parlez peu, après les autres, et que ce soit pour dire quelque chose. » (p164)


« Une Société ne marche pas avec des règlements établis une fois pour toutes : c'est une création incessante. Si le monde marche mal, c'est que Dieu, après qu'il eut créé le monde et fixé ses lois, a cru qu'il pouvait se reposer. » (p171)

jeudi 10 mai 2012

Je n'arrive à rien avec GTD mais voici MYN!


Vous avez certainement entendu parler de GTD (Getting Things Done de David Allen).
Ce livre permet de prendre conscience de notre déficiences à gérer notre temps (nos actions immédiates ou long terme, nos projets, nos objectifs, ...) et au stress que cette mauvaise gestion amène ds nos têtes.
Cependant, je reconnais que GTD est quasi impraticable pour des personnes 'normales' (i.e. pour tout le monde sauf mon épouse, qui, elle, est tellement organisée qu'elle n'a même pas besoin de connaître GTD : elle l'incarne en restant un être humain!!!).
J'ai essayé des plugins de divers systèmes (Outlook, GMail, ...). J'ai pratiqué pendant plusieurs années des versions uniquement papier en adaptant la méthode (je me suis créé mes propres templates: un pour les actions générales et un autre pour chaque projet). Trop dur pour moi.

Je viens de découvrir Master Your Workday Now (c-à-d il y a 5 minutes, grâce au site de Pierre Morsa qui se penche sur la GTD, ses outils et alternatives depuis quelque temps).
Un excellent article permet de se plonger rapidement dans cette version simplifiée et améliorée de l'ancestral GTD.
Tellement bon que j'ai tout d'un coup envie de tenter le coup... (je suis un bon public pour ce genre de méthode; tout comme ceux qui, comme moi, procrastinent à mort [sans pour autant culpabiliser vraiment : procrastitation et sérendipidité font partie de mes qualités d'innovateur, enfin je crois...).

A vrai dire, cette trouvaille tombe à point nommé car j'utilise depuis quelques semaines un soft web sympa: Trello.
Cet outil, d'inspiration Scrum (méthodologie agile que j'utilise au quotidien dans mon métier d'Architecte de SI), est utilisable dans n'importe quel contexte, très simple et dépouillé.

Et vous, vous faites comment?

vendredi 4 novembre 2011


A lire: intéressant de faire attention à ce que l'on enseigne (encore) aujourd'hui pour éviter les pièges de demain...
En résumé, ce qui compte vraiment : des produits, des bons produits, d'excellents produits que les clients sont heureux d'avoir, de merveilleux produits dont les clients enthousiasmés font la pub!
Mais on ajoute aussi que ce qui compte le plus dans une boîte, c'est (dans cette ordre) : les employés, les produits et les clients (encore que pour l'ordre des 2 derniers, on peut discuter).
C'est d'ailleurs un des derniers sujets de Tom Peters.