Le NIH est le syndrome du " Not Invented Here ". Il s'agit d'une forme fréquente d'autisme dont sont atteintes certaines organisations, et en particulier celles développant du logiciel. Elle fait partie de la famille des affections caractérisées par : " le re-use ne passera pas par moi ". Les organismes infectés refusent (sciemment ou non) d'utiliser ou ré-utiliser des briques logiciel existantes (au sens large) lorsque l'occasion se présente. Le NIH peut s'attaquer à un individu isolé, à un groupe, à un service voire même dans certains cas à une entreprise entière.
Pourquoi ce syndrome frappe-t-il, alors que tout le monde s'accorde sur la vanité de la ré-invention de la roue ? Sans classifier toutes les causes, passons en revue les plus typiques, celles rencontrées le plus fréquemment.
Au premier rang, on trouve la méconnaissance. Telle organisation se lance dans le développement coûteux et complexe d'une couche logiciel (prenons un pool de connexion à une base de données pour fixer les idées). Ce n'est pas son métier, mais qu'importe on investit. Qui plus est, à aucun moment le recensement et l'étude des solutions existantes ne sont réalisés. Le seul credo (bien que non établit comme une doctrine mais plutôt une sorte de douce paresse intellectuelle) est " j'en ai besoin donc je le développe ! " Le NIH a fait une nouvelle victime. Cependant cette absence de stratégie claire, bien que gênante, n'est pas méprisable. Maintenant que vous êtes prévenus, soyez vigilants. Après les innocentes victimes, nous trouvons les premiers malades volontaires. Ceux-là sont de la catégorie des hédonistes. Ils aiment se faire plaisir et le savent. Ils re-développent volontiers un calendrier en HTML pour la beauté du geste, alors qu'il en existe en pagaille qui ne demandent qu'à être utilisés et améliorés. Les mêmes implémentent leur propre couche de mapping Objet-Relationnel en balayant d'un revers de la main celles qui existent ou alors écrivent leur propre DTD XML singeant une version existante afin de laisser leur empreinte. Regardez autour de vous, il est presque certain que vous pourrez débusquer ces malades-là : ils sont dangereux.
Mais pires sont ceux atteint de la forme perverse du NIH. On pourrait la résumer par " Not Invented By Me ". Elle survient lorsqu'une entité refuse de ré-utiliser le travail de l'entité d'à-côté pour le refaire à sa façon. Elle sévit le plus souvent dans les grandes structures et est très inquiétante et en tout cas contre-productive.
Les solutions sont pourtant simples et bien connues. Elles reposent sur l'éducation, la curiosité et la confiance.
L'éducation car c'est par elle que s'acquiert le tissu des connaissances indispensables à des décisions argumentées et maîtrisées. Il s'agit de toutes les lectures possibles (presse papier ou électronique, livres et autres documents comme les " white paper " ou les " FAQ "), mais aussi de la formation, des séminaires et des réunions (eh oui, on peut apprendre des choses fort instructives dans une réunion bien menée !). Mais cela ne serait rien sans l'indispensable curiosité qui doit nous habiter quotidiennement sous peine de s'encroûter dans un carcan d'ignorance. Comment peut-on encore manquer de curiosité quand on baigne dans un luxe d'informations mises à disposition avec force moyens. Pour ne parler que d'Internet, il y a les innombrables sites Web, les mailing-lists et leurs contre-parties que sont les forums de discussion : à eux trois, ces points d'accès à l'information sont les piliers des curieux. Et puis, pour être un peu philosophe, être curieux c'est déjà une démarche vers les autres et leur travail, donc un bon facteur de cure contre le NIH. Enfin, la confiance est peut-être la clé de voûte des mesures prophylactiques. Mais c'est aussi la plus dure à acquérir et à garder pour les deux parties (d'ailleurs, bien souvent, la confiance qui aura été trompée sera perdue à jamais). Mais ce joyau, une fois acquis, devient un pourfendeur de NIH quasi inextinguible. Car avec la confiance, on peut baser son travail sur celui que d'autres auront mis à notre disposition.
Ces trois qualités permettent donc aux organisations (et aux membres qui les constituent) d'avoir l'aptitude à choisir parmi les solutions existantes ; qu'elles soient issues d'un éditeur de logiciel, de la communauté OpenSource ou bien sûr des développements internes déjà réalisés.
Donc, le NIH est une sorte d'ignorance (souvent passive parfois perfidement active). Mais certaines circonstances peuvent nous amener à considérer que le NIH peut être une arme stratégique, une volonté affirmée. Ainsi, le fait d'être la seule organisation à posséder un composant logiciel peut constituer un avantage concurrentiel non négligeable. Ne pas élaborer son Système d'Informations (ou une partie de celui-ci) comme la réplique de la concurrence est une volonté délibérée que l'on constate de plus en plus. (Est-ce pour autant la fin des progiciels ?). Dans ce cas, le NIH n'est plus subit comme un syndrome mais affiché comme une politique, une ligne de conduite (ponctuelle ou sur le long terme, localisée à une entité du SI ou étendue plus largement) assurant innovation et différentiation.
Dans tous les cas, luttons contre le NIH-ignorance soit par l'adoption des composants existants (en les étoffant ou modifiant si nécessaire), soit en se fortifiant (vis-à-vis de la concurrence) par des développements spécifiques innovants (et différenciateurs).
< !-- ********* Dimanche 28 Avril 2002 ********* posté le 29 Mai 2004--> /** * Êtes-vous atteint du NIH ? * * * par Charles-Antoine Poirier * * * * Copyright (c) 2002, Charles-Antoine Poirier. Le contenu de ce document peut être * redistribué sous les conditions énoncées dans la Licence pour Documents Libres version * 1.1 ou ultérieure. (http://garp.univ-bpclermont.fr/guilde/Guilde/Licence/) */
samedi 29 mai 2004
vendredi 28 mai 2004
Se rassurer sans se laisser aller...
On vient de me faire part d'une merveilleuse maxime à propos de modestie et d'auto-satisfaction:
"Quand on se mesure, on se fait peur; Mais quand on se compare, on se rassure"
Conclusion: quand on a un grand niveau d'exigences envers soi-même, on se met souvent une pression terrible. Elle n'est pas toujours justifiée en regard de ce que produisent/attendent les autres...
J'aime bien cette sentence, mais il faut veiller à ne pas tomber dans la médiocrité en s'accordant des satisfecit complaisants.
"Quand on se mesure, on se fait peur; Mais quand on se compare, on se rassure"
Conclusion: quand on a un grand niveau d'exigences envers soi-même, on se met souvent une pression terrible. Elle n'est pas toujours justifiée en regard de ce que produisent/attendent les autres...
J'aime bien cette sentence, mais il faut veiller à ne pas tomber dans la médiocrité en s'accordant des satisfecit complaisants.
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